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général qui a livré Toulon, sur Brunet ? N’a-t-il pas défendu Proli ? Si je voulois user de représailles contre Collot, je n’aurois qu’à laisser courir ma plume, armée de faits plus forts que sa dénonciation. Mais j’immole à la patrie mes ressentimens de la violente sortie de Collot contre moi ; nous ne sommes pas trop forts, tous les vrais patriotes ensemble, et serrés les uns contre les autres, pour faire tête à l’aristocratie, canonnant et livrant des batailles autour des frontières, ou au faux patriotisme, ou plutôt à la même aristocratie, plus lâche, cabalant et intrigaillant dans l’intérieur. J’ai eu le tort, et on m’a fait le reproche juste d’avoir trop écouté l’amour propre blessé, et d’avoir pincé trop au vif un excellent patriote, notre cher Legendre : je veux montrer que je ne suis pas incorrigible, en renonçant aujourd’hui à des représailles bien légitimes. J’avertis seulement Collot d’être en garde contre les louanges perfides et exclusives, et de rejeter avec mépris, comme a fait Robespierre, celles de ce Père Duchesne, des lèvres de qui tout Paris a remarqué qu’il ne découloit que du sucre et du miel, qui n’avoit que des joies, dont les juremens même étoient flûtés et doucereux, depuis le retour de Danton, & qui, tout-à-coup, à