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mille francs, pour impressions, par le tribunal révolutionnaire, tandis que moi, qu’il accuse, je n’ai pas accru mon pécule d’un denier. C’est ainsi que moi, je suis un aristocrate qui frise la guillotine, et que Nicolas est un sans-culotte qui frise la fortune.

Défiez-vous, M. Nicolas, de l’intérêt personnel qui se glisse même dans les meilleures intentions. Parce que vous êtes l’imprimeur de Bouchotte, est-ce une raison pour que je ne puisse l’appeler Georges, sans friser la guillotine ? J’ai bien appelé Louis XVI, mon gros benêt de roi, en 1787, sans être embastillé pour cela. Bouchotte seroit-il un plus grand seigneur ? Vous, Nicolas, qui avez aux Jacobins l’influence d’un compagnon, d’un ami de Robespierre ; vous qui savez que mes intentions ne sont pas contre-révolutionnaires, comment avez-vous cru les propos qu’on tient dans certains bureaux ? comment les avez-vous cru plutôt que les discours de Robespierre qui m’a suivi presque depuis l’enfance, et qui, quelques jours auparavant, m’avoit rendu ce témoignage que j’oppose à la calomnie : qu’il ne connoissoit pas un meilleur républicain que moi ; que je l’étois par instinct, par sentiment plutôt que par choix, et qu’il m’étoit même impossible d’être