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Ceux-là pensent apparemment que la liberté, comme l’enfance, a besoin de passer par les cris et les pleurs, pour arriver à l’âge mûr. Il est au contraire de la nature de la liberté, que, pour en jouir, il suffit de la désirer. Un peuple est libre du moment qu’il veut l’être ; (on se rappelle que c’est un mot de Lafayette) : « Il rentre dans la plénitude de tous ses droits, dès le 14 juillet. La liberté n’a ni vieillesse, ni enfance. Elle n’a qu’un âge, celui de la force et de la vigueur. Autrement ceux qui se font tuer pour la République, seroient donc aussi stupides que ces fanatiques de la Vendée, qui se font tuer pour des délices de paradis dont ils ne jouiront point. Quand nous aurons péri dans le combat, ressusciterons-nous aussi dans trois jours, comme le croient ces paysans stupides ? Non, cette liberté que j’adore n’est point le Dieu inconnu. Nous combattons pour défendre des biens dont elle met sur le champ en possession ceux qui l’invoquent. Ces biens sont la déclaration des droits, la douceur des maximes républicaines, la fraternité, la sainte égalité, l’inviolabilité des principes. Voilà les traces des pas de la déesse ; voilà à quels traits je distingue les peuples au milieu de qui elle habite.