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pourra gémir du triomphe de la République, après avoir vu la description que l’histoire nous a laissée du triomphe de la monarchie ; après avoir jeté un coup-d’œil sur la copie ébauchée et grossière des tableaux de Tacite, que je vais présenter à l’honorable cercle de mes abonnés ?

« Après le siége de Pérouse, disent les historiens, malgré la capitulation, la réponse d’Auguste fut : Il vous faut tous périr. Trois cents des principaux citoyens furent conduits à l’autel de Jules-César, et là, égorgés le jour des Ides de Mars ; après quoi le reste des habitans fut passé pêle-mêle au fil de l’épée, et la ville, une des plus belles de l’Italie, réduite en cendres, et autant effacée qu’Herculanum de la surface de la terre. Il y avoit anciennement à Rome, dit Tacite, une loi, qui spécifioit les crimes d’État et de lèze-majesté, et portoit peine capitale. Ces crimes de lèze-majesté, sous la république, se réduisoient à quatre sortes : si une armée avoit été abandonnée dans un pays ennemi ; si l’on avoit excité des séditions ; si les membres des corps constitués avoient mal administré les affaires ou les deniers publics ; si la majesté du peuple romain avoit été avilie. Les empereurs n’eurent besoin que de quelques articles additionnels à cette loi, pour envelopper et les citoyens et les cités entières dans la