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tout où ils les ont rencontrés. Mais est venu le vertueux Roland, qui, en faisant de la poste des filets de Saint-Cloud, que le ministre seul avoit droit de lever, et ne laissant passer que les écrits brissotins, a attenté le premier à la circulation des lumières, et a amoncelé sur le Midi ces ténèbres et ces nuages, d’où il est sorti tant de tempêtes. On interceptoit les écrits de Robespierre, de Billaud Varennes,  etc. etc. Grâces à la guerre qu’on fit déclarer, soi-disant pour achever la révolution, il nous en coûte déjà le sang d’un million d’hommes, selon le compte du Père Duchesne, dans un de ses derniers numéros, tandis que je mourrai avec cette opinion, que, pour rendre la France républicaine, heureuse et florissante, il eût suffi d’un peu d’encre, et d’une seule guillotine.

On ne répondra jamais à mes raisonnemens, en faveur de la liberté de la presse ; et qu’on ne dise pas, par exemple, que dans ce numéro 3, et dans ma traduction de Tacite, la malignité trouvera des rapprochemens entre ces temps déplorables et le nôtre. Je le sais bien, et c’est pour faire cesser ces rapprochemens, c’est pour que la liberté ne ressemble point au despotisme, que je me suis armé de ma plume. Mais, pour empêcher que les royalistes ne tirent de-là un argument contre la République, ne suffit-il pas de représenter, comme j’ai fait tout-à-l’heure, notre situation, et l’alternative cruelle où se sont trouvés réduits les amis de la liberté, dans le combat à mort entre la République et la monarchie ?

Sans doute, la maxime des républiques est,