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avoit tenu les propos ou publié les écrits, mais même celui qui avoit émigré.

Ceux qui jugent si sévèrement les fondateurs de la République, ne se mettent pas assez à leur place. Voyez entre quels précipices nous marchons. D’un côté est l’exagération en moustaches, à qui il ne tient pas que, par ses mesures ultra-révolutionnaires, nous ne devenions l’horreur et la risée de l’Europe ; d’un autre côté est le modérantisme en deuil, qui, voyant les vieux Cordeliers ramer vers le bon sens, et tâcher d’éviter le courant de l’exagération, faisoit hier, avec une armée de femmes, le siége du comité de sûreté générale, et me prenant au collet, comme j’y entrois par hasard, prétendoit que, dans le jour, la Convention ouvrît toutes les prisons, pour nous lâcher aux jambes, avec un certain nombre, il est vrai, de bons citoyens, une multitude de contre-révolutionnaires, enragés de leur détention. Enfin, il y a une troisième conspiration, qui n’est pas la moins dangereuse ; c’est celle que Marat auroit appelé la conspiration des dindons : je veux parler de ces hommes qui, avec les intentions du monde les meilleures, étrangers à toutes les idées politiques, et si je puis m’exprimer ainsi, scélérats de bétise et d’orgueil, parce qu’ils sont de tel comité, ou qu’ils occupent telle place