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tant de guinées, qu’on me cite, disoit Danton ; un seul homme, fortement prononcé dans la révolution, et en faveur de la République, qui ait été condamné à mort par le tribunal révolutionnaire ? Le tribunal révolutionnaire, de Paris du moins, quand il a vu des faux témoins se glisser dans son sein, et mettre l’innocent en péril, s’est empressé de leur faire subir la peine du Talion. À la vérité, il a condamné pour des paroles et des écrits. Mais d’abord, peut-on regarder comme de simples paroles le cri de vive le Roi, ce cri provocateur de sédition, et qui par conséquent, même dans l’ancienne loi de la République romaine, que j’ai citée, eût été puni de mort ? Ensuite c’est dans la mêlée d’une révolution que ce tribunal a à juger des crimes politiques ; et ceux même qui croyent qu’il n’est pas exempt d’erreurs, lui doivent cette justice, qu’en matière d’écrits, il s’est plus attaché à l’intention qu’au corps du délit ; et lorsqu’il n’a pas été convaincu que l’intention étoit contre-révolutionnaire, il n’a jamais manqué de mettre en liberté, non seulement celui qui

    la République, et qu’on débaucheroit leurs peuples et leurs armées ; aux despotes, bientôt réduits à la garde des nobles et des prêtres, leurs satellites naturels, si les ultra-révolutionnaires, et les bonnets rouges de Brissot et de Dumouriez ne gâtoient une si belle cause et ne fournissoient malheureusement à Pitt des faits pour répondre à ces belles paroles de Robespierre.