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réquisitoire, qu’on embastillât la moitié du peuple français, comme suspect ; et comme une certaine motion, qu’on mit des barrils de poudre sous ces prisons innombrables, et à côté une mêche permanente ; quoique le sans-culotte Pitt ait demandé qu’au moins, par amendement, on traitât tous ces prisonniers avec la dernière rigueur ; qu’on leur refusât toutes les commodités de la vie, et jusqu’à la vue de leurs pères, de leurs femmes et de leurs enfans, pour les livrer eux et leur famille à la terreur et au désespoir ; quoique cet habile ennemi ait suscité par-tout une nuée de rivaux à la Convention, et qu’il n’y ait aujourd’hui, en France, que les 1200 mille soldats de nos armées, qui, fort heureusement, ne fassent pas de lois ; car les commissaires de la Convention font des lois. Les départemens, les districts, les municipalités, les sections, les comités révolutionnaires font des lois ; et, Dieu me pardonne, je crois que les sociétés fraternelles en font aussi : malgré, dis-je, tous les efforts que Pitt a faits pour rendre notre République odieuse à l’Europe, pour donner des armes au parti ministériel contre le parti de l’opposition, à la rentrée du parlement ; en un mot, pour réfuter le manifeste sublime de Robespierre[1] ; malgré

  1. C’est avec de tels écrits qu’on vengeroit l’honneur de