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que tiennent les ennemis de la République ; et j’en atteste soixante de mes collègues ! combien de fois j’ai gémi, dans leur sein, des funestes succès de cette marche ! Combien de fois, depuis trois mois, je les ai entretenus, en particulier, de mes frayeurs, qu’ils tratoient de ridicules, quoique, depuis la révolution, sept à huit volumes déposent en ma faveur, que si je n’ai pas toujours bien connu les personnes, j’ai toujours bien jugé les événemens ! Enfin, Robespierre, dans un premier discours, dont la Convention a décrété l’envoi à toute l’Europe, a soulevé le voile. Il convenoit à son courage et à sa popularité d’y glisser adroitement, comme il a fait, le grand mot, le mot salutaire, que Pitt a changé de batteries ; qu’il a entrepris de faire, par l’exagération, ce qu’il n’avoit pu faire par le modérantisme, et qu’il y avoit des hommes patriotiquement contre-révolutionnaires, qui travailloient à former, comme Roland, l’esprit public, et à pousser l’opinion en sens contraire, mais à un autre extrême, également fatal à la liberté. Depuis, dans deux discours non moins éloquans, aux Jacobins, il s’est prononcé avec plus de véhémence encore, contre les intrigans qui, par des louanges perfides et exclusives, se flattoient de le détacher de tous ses vieux com-