Page:Desmoulins, Camille - Le Vieux cordelier (n°2).pdf/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(11)

Dès le premier mois de notre session, il y a plus d’un an, j’avois bien reconnu quel seroit désormais le plus grand danger, disons mieux, le seul danger de la République, et je m’exprimois ainsi dans un discours distribué à la Convention, contre son décret du 27 octobre, rendu sur la motion de Gensonné, qui excluoit les membres de toutes les fonctions publiques pendant six ans, piége grossier des Girondins.

« Il ne reste plus à nos ennemis d’autre ressource que celle dont usa le sénat de Rome, quand voyant le peu de succès de toutes ses batteries contre les Gracques, il s’avisa, dit Saint-Réal, de cet expédient pour perdre les patriotes ; ce fut d’engager un tribun d’enchérir sur tout ce que proposeroit Gracchus ; et à mesure que celui-ci feroit quelque motion populaire, de tâcher d’en faire une bien plus populaire encore, et de tuer ainsi les principes et le patriotisme par les principes et la patriotisme, poussés jusqu’à l’extravagance. Le jacobin Gracchus proposoit-il le repeuplement et le partage de deux ou trois villes conquises ? le ci-devant feuillant Drusus proposoit d’en partager douze. Gracchus mettoit-il le pain à 16 sous ? Drusus mettoit à 8 le maximum. Ce qui lui réussit si bien, que, dans peu, le forum