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pagnons d’armes, et du bataillon sacré des Cordeliers, avec lequel il avoit tant de fois battu l’armée royale. À la honte des prêtres, il a défendu le Dieu qu’ils abandonnoient lâchement. En rendant justice à ceux qui, comme le curé Meslier, abjuroient leur métier, par philosophie, il a mis à leur place ces hypocrites de religion, qui s’étant faits prêtres, pour faire bonne chère, se déprêtrisoient, pour soutenir la cuisine, et ne rougissoient pas de publier eux-mêmes leur ignominie, en s’accusant d’avoir été si longtemps de vils charlatans, et venoient nous dire à la barre :

Citoyens, j’ai menti soixante ans, pour mon ventre.

Quand on a trompé si long temps les hommes, on abjure. Fort bien. Mais on cache sa honte ; on ne vient pas s’en parer, et on demande pardon à Dieu et à la Nation.

Il a mis à leur place ces hypocrites de patriotisme, qui, aristocrates dans l’assemblée constituante, et évêques connus par leur fanatisme, tout-à-coup éclairés par la raison, montoient les premiers à l’assaut de l’église Saint-Roch, et par des farces indécentes et indignes de la majesté de la Convention, s’efforçoient de heurter tous les préjugés, et de nous présenter à l’Europe,