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vaincre ; qu’il falloit faire accuser de corruption, précisément ceux que tu n’avois pu corrompre, et d’attiédissement ceux que tu n’avois pu attiédir. Avec quels succès, depuis la mort de Marat, tu as poussé les travaux du siége de leur réputation, contre ses amis, ses preux compagnons d’armes, et le navire Argo des vieux Cordeliers !

C’est hier sur-tout, à la séance des Jacobins, que j’ai vu tes progrès avec effroi, et que j’ai senti toute ta force, même au milieu de nous. J’ai vu, dans ce berceau de la liberté, un hercule prêt d’être étouffé par tes serpens tricolores. Enfin, les bons citoyens, les vétérans de la révolution, ceux qui en ont fait les cinq campagnes, depuis 1789, ces vieux amis de la liberté, qui, depuis le 12 juillet, ont marché entre les poignards et les poisons des aristocrates et des tyrans ; les fondateurs de la République, en un mot, ont vaincu. Mais que cette victoire même leur laisse de douleur, en pensant qu’elle a pu être disputée si long-temps dans les Jacobins ! La victoire nous est restée, parce qu’au milieu de tant de ruines de réputations colossales de civismes, celle de Robespierre est debout ; parce qu’il a donné la main à son émule de patriotisme, notre président perpétuel des an-