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Cours d’Archéologie

L’expédition d’Égypte avait attiré l’attention sur les merveilles de cette contrée ; l’on avait dessiné avec soin les perspectives, les coupes et les élévations de presque tous les monuments ; mais on n’avait pu deviner la signification de toutes les figures et les signes dont ils étaient revêtus.

Eh quoi ! voici un pays conservé tout entier depuis tant de siècles, mais que l’on ne pouvait comprendre, et dont on ne pouvait rien deviner.

Tout subsiste : les monuments, les inscriptions, les illustrations de plusieurs milliers de siècles en peintures, en reliefs ; mais tout cela était impénétrable.

Ici les témoignages du passé n’ont pas été engloutis par des volcans comme à Pompéi, ni mis en cendre par un incendie comme à Troie, comme à Jérusalem, comme à Corinthe, comme à Rome, ni submergés par des cataclysmes, ni effacés par le grattoir des palimpsestes. Ils existent tout entiers et on ne peut les pénétrer, les deviner, les déchiffrer. Pas une nation n’a produit plus d’annales, plus d’inscriptions, plus de renseignements, et pas une n’a moins instruit la postérité sur son compte ; les inscriptions, les légendes, on ne peut les lire : tout est à l’état de lettre morte. C’est comme le supplice de Tantale, et cette impuissance faisait ressentir à Champollion un supplice insupportable.

Bien des efforts avaient été faits et n’étaient jamais arrivés à aucun résultat. Kircher n’avait vu que des idées