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Enfin passent de rang deux cens jeunes guerriers,
Nobles, d’un fier regard, pompeux, avanturiers,
Qui sans suivre ny chef, ny guidon, ny cohorte,
Fondent dans les combas où la fureur les porte :
Tels que jeunes lions, terribles aux troupeaux,
Qui seuls osent sans peur attaquer cent taureaux :
Tous, prests d’ouvrir les rangs, de monter aux murailles ;
Et toûjours prés du roy dans le fort des batailles.
Ces escadrons rangez dé-ja couvrent les champs.
Et l’on void les pietons vers le prince marchans.
Arbogaste portant sa longue javeline,
Seul devant ses soldats d’un pas grave chemine.
Ce chef, d’un grand ayeul tiroit son noble sang,
D’Arbogaste, ce fier, cet invincible franc,
Qui durant deux soleils, sous l’alpine Aquilée,
Combattit d’un Cesar la puissance ébranlée :
Enfin rouge et fumeux d’avoir trempé ses mains
Dans le genereux sang des goths et des romains,
Ne ceda qu’à Dieu seul, qui contre son courage,
Des tempestes arma l’impetueuse rage.
Le piquant souvenir de l’antique grandeur,
Respand sur son visage une superbe ardeur.
Il conduit des françois la phalange pressée,
Eclatante d’acier, de piques herissée,
Qui croisant les longs bois, l’un par l’autre affermis,
Estoit impenetrable aux efforts ennemis :