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Mais depuis cent moissons, tous d’un noble courage,
Se maintindrent toûjours francs d’un si grand outrage.
Si l’hymen assembloit deux fideles amans,
Parvenus par la gloire à leurs contentemens,
Ils quittoient la brigade ; et soudain en leur place
Deux amans s’enrolloient de chaste et noble race.
Aux chefs la seule mort ostoit la dignité,
Qui se voüans d’accord à la virginité,
Preferoient les douceurs de cet aimable empire,
Aux licites plaisirs ou tout amour aspire.
Ainsi la belle Argine, et son cher Aigoland,
A leur constante ardeur leur courage égalant,
Tous deux n’ayant encore attaint trente decembres,
Tous deux du sang royal des antiques sicambres,
De sagesse et d’honneur deux modeles parfaits,
Eclatans en beauté, celebres par leurs faits,
Menoient la troupe vierge, et valeureuse, et belle,
Qui fait voler long-temps les regards apres elle.
Telle apres que l’hymen à son joug eut soûmis
Deux genereux amans, autrefois ennemis,
Combatoit le centaure en faveur du lapithe,
La troupe de Thesée, et celle d’Hippolite.
Puis Leubaste paroist, grand escuyer du roy.
Sur un sarde il conduit cent pages sous sa loy ;
Tous sur de grands coursiers, en casaque incarnate,
Sur qui d’or et d’argent la broderie éclate.