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Maints amans combatus de la fureur de Mars,
Et du feu dont le charme attachoit leurs regards
Prés des rares beautez de leurs cœurs adorées,
Sentoient de mille ennuis leurs ames devorées.
Leurs amantes, pour plaire à cette double ardeur,
Voulant de leur courage égaler la grandeur,
Jurerent de les suivre ; et cinquante amazones,
Dignes pour leur valeur d’immortelles couronnes,
Avec cinquante amans, au mespris des dangers,
Passerent d’un accord aux climas estrangers.
Pour monstrer que l’honneur leur audace authorise,
Et que la vertu seule anime l’entreprise,
D’un beau couple d’amans ils firent l’heureux choix,
Pour observer sous eux ces innocentes loix.
Deux fois devoient aux champs choir les javelles blondes,
Et deux fois l’aquilon devoit durcir les ondes,
Avant que nul parvint au nuptial bon-heur,
Apres mille beaux faits de courage et d’honneur.
Alors chacun donnoit son suffrage equitable ;
Et les chefs prononçoient leur arrest redoutable.
L’amant prés de l’amante alloit dans les combas ;
Et cherchoit sa loüange au hazard du trépas.
Les blessures d’un seul à tous estoient sensibles.
L’amour et l’amitié les rendoient invincibles.
Celuy de qui l’honneur seroit jamais terny,
De la troupe à l’instant devoit estre banny :