Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

Rodan eut ceux qu’enfante Auxerre la vineuse :
Albin, ceux que produit la Sologne areneuse :
Enfin Sigalde eut ceux qui furent assemblez
Dans la vaste Champagne, où croissent tant de blez :
Et deslors tous les chefs de ces troupes vaillantes
Signaloient d’une croix leurs bannieres volantes.
Mais quelle bande suit ? Avec quels ornemens
Dois-je exprimer l’éclat des fideles amans ?
Cinquante chevaliers, et cinquante guerrieres,
Presque d’âge pareil, de beautez singulieres,
Couple à couple marchoient, armez de pur argent,
D’un blanc pennache épars leurs timbres ombrageant :
Tous sur de blancs genets que fit naistre l’Espagne.
Chaque amant admiroit son aimable compagne.
L’argent brilloit par tout sur leurs caparassons.
Chaque couple, à l’égal ferme sur les arçons,
D’argent portoit aussi la casaque brodée,
Jointe à leurs souples corps, et d’hermine bordée.
Tous dans leurs purs desirs également heureux,
Suivoient à rangs égaux les deux chefs valeureux,
L’invincible Aigoland, et la vaillante Argine :
Et voicy de leurs vœux la loüable origine.
Quand les francs, ennemis d’un paresseux repos,
Du Rhein, leur borne antique, eurent passé les flots,
Pour chercher dans la Gaule un ciel plus favorable,
Et fonder un empire, ample, heureux et durable,