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Favorable aux mortels de douleur consumez,
N’as-tu point veû courir dix bourguignons armez ?
Elle dresse son chef, d’une façon hautaine.
Sur le noble guerrier son regard se promeine.
Puis elle abbaisse l’œil, se leve avec froideur ;
Se tient muëtte un temps, d’orgueil ou de pudeur.
A peine pour ces mots ses levres sont ouvertes :
Nul passant n’a paru dans ces forests desertes.
Puis elle se destourne, avare de sa voix.
Dédaigneuse elle laisse et Clovis, et le bois :
S’en va d’un ferme pas, et sa suite apres elle.
Le roy triste et confus demeure avec Aurele,
Abandonné d’espoir, de conseil, de secours,
Du fruit de ses travaux, du prix de ses amours.
Il retourne aux vallons : il court toute la plaine :
Et des chevaux ardens il prodigue la peine :
Interroge passans, bergers, et laboureurs.
Puis tout espoir le quitte, et fait place aux fureurs.
La vangeance luy reste ; et son ame enflammée
Luy fait tourner enfin les pas vers son armée,
Qu’à Langres il laissa, quand de deux rois vainqueur,
Et vaincu par l’amour qui bruloit dans son cœur,
Pour contenter ses yeux, il vola jusqu’au Rhône.
Il cherche un bois espais, aux rives de la Saône,
Où d’un pont et du fleuve un grand bourg est nommé.
Là dans un creux vallon, de buissons enfermé,