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Clovis perdant l’espoir arreste enfin sa course,
Alors qu’à ses regards, pres d’une pure source,
Sur le bord d’un ruisseau de fresnes ombragé,
Une nymphe paroist, dont le bras engagé
Soustient le noble faix de sa teste superbe,
Et dont l’aimable corps mollement presse l’herbe.
Un doux vent fait voler ses plus libres cheveux.
Ses beaux pieds sont serrez d’un coturne à cent nœuds.
Son espieu sur les fleurs prés d’elle se repose.
Sa fierté se dément par sa bouche de rose.
Trois nymphes à l’écart, le carquois sur le dos,
Sur la rive plus basse imitent son repos.
De chiens, chacune tient une lesse vaillante.
L’un dort, l’autre s’estend, l’autre boit l’eau coulante.
Un sanglier aux longs poils, aux écumeuses dents,
Semble dormir en paix prés des limiers ardents :
Mais la rougeur du sang qui soüille la verdure,
Fait reconnoistre assez sa funeste avanture.
Telle est peinte Diane, alors qu’en son repos,
Sous les chesnes fueillus des forests de Delos,
Apres ses doux travaux, sur l’herbe elle respire ;
Et levant son beau chef, l’abandonne au zephire.
Là sont chevreüils, chiens, cerfs, et des nymphes les chœurs,
Pesle-mesle couchez, et vaincus, et vainqueurs.
Clovis, en surmontant sa profonde tristesse,
Qui que tu sois, dit-il, soit nymphe, soit deesse,