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Clovis de cette veuë émeû, rouge, et surpris,
De colere, d’amour, de jalousie espris,
Laisse Auberon, descend, et court remply de rage,
Meditant la vangeance en son ardent courage :
Trouve Aurele en la court, dont les tristes regards,
Et les pas empressez errent de toutes parts.
Par les bois, par les prez, dit-il, je l’ai cherchée.
Mais sans doute à ma veuë un demon l’a cachée.
Ah ! Ne la cherche plus : on l’enleve à mes yeux,
Respond le prince émeû : mais sortons de ces lieux.
Suivons ce ravisseur, dont l’ame fiere et vaine
Pretend impunément triompher de ma peine.
Comme dans les vallons du solitaire atlas,
La lionne, au retour de son sanglant repas,
Void son fan que dérobe une brigade more ;
Desja par le desir dans son cœur les devore :
Vole au mépris du nombre, et des traits, et des dards :
Les attaque de loin du feu de ses regards :
D’un fier rugissement en fureur les menace ;
Et s’irrite en courant pour punir leur audace.
Tel sur son grand coursier le prince s’est lancé.
Il laisse le palais ; il court à chef baissé.
Ses talons du cheval animent la vistesse.
Son favory le suit, accablé de tristesse.
Tous deux cherchent les pas de ces fantosmes vains ;
Battent un lieu cent fois, et vaguent incertains.