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 trouvent dans l’eau la mort precipitée,
Avant que d’avoir joint la terre souhaitée.
Francion secouru frape, poursuit, abbat ;
Et la rive gagnée est le fruit du combat.
Voyez qu’il est modeste au milieu de sa gloire.
Il semble moins que tous émeû de sa victoire.
Voicy la neuve Troye establie en ce bord.
Voyez ces amples murs, ces ponts, ce large port.
Voyez ces grandes tours non encore achevées ;
Et ces autres dé-ja dans les airs élevées.
Là le maistre architecte, en fronçant le sourcy,
D’un temple à cent piliers monstre un plan racourcy.
Dans le mesme rouleau, monte en lignes tracées,
Le pourpris exhaussé, les colonnes dressées,
Et la voûte, et le dome au front audacieux,
Portant superbement sa pointe dans les cieux.
La scie aux dents d’acier, long suplice des arbres,
Icy tranche un grand chesne, et là coupe les marbres.
Là se taille la pierre, icy fume la chaux.
Là sont dressez en l’air les hardis échaffaux.
Icy se perd aux yeux l’orgueilleuse machine,
Haute sur les palais, et des astres voisine.
Là monte un marbre lourd, sur la teste pendant.
Le noble Francion haste l’ouvrage ardent :
Et fondant la cité, qui tient lieu de patrie,
Du nom du prince amy, la nomme Sicambrie.