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 commence-t-il, est la prise fameuse
De cette ville antique, et noble, et malheureuse,
Que durant dix estez la valeur deffendit ;
Et qu’en peu de momens une fraude perdit.
Voyez de quel transport Junon ouvre les portes,
Rouge d’un vieux courroux, aux argives cohortes.
Et pallas d’autre-part, sur les troyens surpris,
Vange de sa beauté les sensibles mespris.
Vulcan armé de feux, suit leur colere ardente,
Jettant cent tourbillons de flame petillante.
Là d’un trident vangeur du parjure des rois,
Neptune rompt le mur qu’il bastit autrefois :
Et Jupiter perdant le soin de sa balance,
Laisse de leur fureur regner la violence.
Le grand cheval triomphe ; et la triste cité
Par son propre malheur se remplit de clarté.
Là devant tous les dieux l’insolence domine :
Et passent pour vertus le meurtre et la rapine.
Icy sont les vieillards des autels destachez :
Et là sont les enfans aux meres arrachez.
Plus loin pleure un amas de troyennes captives.
Là courent en tremblant les bandes fugitives.
Mais de la pieté voyez les grands effets.
Un fils portant son pere, est courbé sous le faix.
Venus, par cent destours, de la presse le tire ;
Et console son cœur de l’espoir d’un empire.