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De blanchissantes eaux dans les airs élancées,
Qui tomboient avec bruit, comme un arc renversées.
Au centre du bassin, d’une immense largeur,
Alcide pressoit l’Hydre avec un pied vangeur.
Chaque teste, autrefois de Lerne l’épouvante,
Sembloit languir à bas, ny morte, ny vivante.
De sept gosiers coupez sortoient de longues eaux,
Traçant sur le vainqueur sept humides berceaux :
Et sur l’onde ridée, alloient par le zephire,
Cent vases de cristal, prés des bords de porphire.
La merveille et la soif les traisnent à leur mal.
Auberon qui les void vers le piege fatal,
D’un insensible pas en destourne Albione.
La princesse à regret dé-ja les abandonne.
Amour gagne son cœur : et ses yeux sont ravis
Du surprenant éclat des graces de Clovis.
Le couple infortuné, d’une égale vistesse,
Arrive aux bords cruels de l’onde enchanteresse.
Miserables amans, reprimez vos desirs.
Helas ! Perdant la soif, vous perdrez vos plaisirs.
Clotilde, en s’avançant, prend de sa main divine
Un cristal qui formoit une conque marine.
Clovis choisit un vase, image d’un vaisseau.
Aurele suit, et plonge une coupe dans l’eau.
Chacun, de ses poumons esteint l’ardeur pressante,
Et verse de longs flots dans sa bouche innocente.