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Par cent propos cruels troublez vous tour à tour ;
Et qu’un dépit naissant fasse mourir l’amour.
Plein d’espoir il retourne en la salle dorée.
La flame, en les sechant, rend leur bouche alterée.
Dé-ja la soif les presse ; et le traistre enchanteur,
Couvrant son noir dessein d’un visage flateur,
Invite au promenoir ces deux amans fideles,
Les innocens sujets de ses trames cruelles.
Ils sortent du palais ; et vont, selon ses vœux,
Vers le trompeur appast du piege dangereux.
D’abord un grand parterre à leurs yeux se presente,
Monstrant de mille fleurs la peinture éclatante.
Dans un parc odorant, parmy les orangers,
Resonnoient les doux chants de mille oyseaux legers.
Les ruisseaux serpentans, qui moüilloient la verdure,
A ces chants animez mesloient leur doux murmure.
Et les bois et les prez, pour de longs promenoirs,
Presentoient ou l’air libre, ou les ombrages noirs.
Tel ne fut le palais de cent sources humide,
Où cacha son Renaud l’ingenieuse Armide :
Et des filles d’Hesper, tels ne furent encor
Les celebres jardins, feconds en pommes d’or.
Ils admirent confus ces beautez nompareilles,
Où la nature et l’art prodiguent leurs merveilles.
Mais la pressante soif vers l’eau porte leurs pas.
La fontaine, de loin, formoit un gros amas