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De ses habits moüillez, de ses moites cheveux,
Semblent plus animez, ses yeux ont plus de feux ;
Et dans ce beau combat, ont encor plus de gloire,
Sans le secours de l’art, d’emporter la victoire.
Auberon estonné contemple ces beaux yeux,
Les superbes vainqueurs d’un Roy si glorieux ;
Ce teint blanc, ce poil noir, sa pudeur sans égale,
Et la noble grandeur de sa taille royale.
Il regarde, enflammé d’un dépit sans pareil,
La brune au teint d’argent, qui ternit son Soleil :
Que d’une vive ardeur son regard estincelle ;
Et que son air luy semble estre d’une immortelle.
Enfin dans cet éclat son esprit se confond ;
Et son espoir s’abysme en un trouble profond.
O ! mes cheres beautez, dit-il en ses pensées,
D’une peine inutile en tous les arts dressées,
O ! plantes, que mes soins cultiverent sans fruit,
Cachez vos vains attraits : Clotilde les destruit.
Puissans Dieux, aiguisez mon esprit & mes charmes.
Pour vaincre ces amours, il faut bien d’autres armes.
Les amans cependant, mesnagers du loisir,
De poursuivre leur route ont un ardent desir.
Mais le Prince enchanteur dit que dans les vallées
Les orageuses eaux ne sont pas écoulées :
Qu’il leur demande un jour, pour le combler d’honneur,
Puisque le sort luy donne un si rare bon-heur ;