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Du goth atteint la teste : et le tranchant acier
Tombe encore en glissant sur les reins du coursier.
Ses nerfs en sont coupez : le fort cheval succombe :
Et par le mesme coup le goth chancelle et tombe.
Il demeure estourdy, sous la selle abbattu.
Il veut par ses efforts relever sa vertu.
La joye émeut les cris des troupes amassées ;
Mais des goths, par la peur, les ames sont glacées.
Clovis se jette à terre. Alaric, leve toy,
Luy dit-il. C’est debout que doit mourir un roy :
Et Clovis ne veut pas avoir si peu de gloire,
Qu’à la mort d’un coursier il doive sa victoire.
Alaric se dégage : et la honte en son cœur
Ranime en mesme temps sa rage et sa vigueur.
Alors pied contre pied l’un à l’autre s’attache.
Ils se frapent tous deux de la pesante hache,
Dont le fendant acier, poussé d’un vif effort,
Porte à ce qu’il rencontre et le coup et la mort.
Clovis hausse le bras ; et du fer qu’il décharge
Fait au col d’Alaric une blessure large.
Le goth fond sur le franc, par un transport soudain :
Et vainement s’efforce à desarmer sa main.
Entre ses bras nerveux, il le serre, il le lutte.
Clovis l’estreint, l’ébranle : et d’une lourde cheûte,
Apres les longs efforts de leurs corps balancez,
Sur le champ l’un sur l’autre ils tombent renversez.