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Dont, pour triste presage, il abbat la couronne.
Alaric, aux transports aussi-tost s’abandonne.
Sans ordre, sans relasche, et sans juste dessein,
Il fait sur le roy franc tomber l’épée en vain.
Clovis luy fait sentir son bras inévitable.
Son coup est moins frequent, mais bien plus redoutable.
Il frape le bouclier, et le fend en deux parts :
Et d’infidele sang fait rougir les brassards.
La croupe du coursier en est rouge et fumante.
Alaric, des deux mains, d’une ardeur vehemente,
Leve son coutelas, sur l’arçon se haussant ;
Et flate ses guerriers d’un espoir renaissant.
Du fer, et de l’écu sur qui se void semée
Du lis chery du ciel la fleur si renommée,
Le monarque des francs et vigilant et prompt,
Soustient le glaive lourd, dont la lame se rompt.
Le goth voyant sa main de secours dépourveüe,
Sur sa hache tranchante alors tourne sa veüe.
Sa dextre en mesme temps l’arrache de l’arçon ;
De l’épée en sa gauche il retient le tronçon.
Clovis jette son fer ; et son ame royale,
Pour vaincre un ennemy, ne veut qu’une arme égale.
Il prend aussi sa hache ; et tous deux de leurs coups
Font sauter des brassards les lames et les clous.
Le sang coule à tous deux. Le monarque de France,
D’une juste fureur irritant sa vaillance,