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Les troupes des françois, par tout victorieuses,
A l’entour de leur roy retournoient glorieuses.
Leur ardeur regne encore. Il la calme, et l’abbat :
Veut qu’ils laissent un champ libre pour le combat :
Ordonne, en les rangeant, que nul d’eux ne s’avance :
Puis il monte Aquilon, et s’arme d’une lance.
Alaric range aussi la troupe qui le suit,
Tournant ses yeux ardens, en qui la rage luit.
Il appelle à l’écart deux guerriers temeraires.
Si les armes, dit-il, à mes vœux sont contraires,
Sur l’orgueilleux vainqueur courez d’un prompt effort,
Afin que mon rival perisse dans ma mort.
Il monte en mesme temps sur un coursier superbe ;
Et la lance en la main, desja bondit sur l’herbe.
Alors aux bouts du champ s’écartent les deux rois :
Puis fondent l’un sur l’autre, et baissent les longs bois,
A leur force joignant leur addresse guerriere.
Tous les yeux en suspens regardent leur carriere.
De deux coups differens, les guerriers indomptez
Par un puissant effort également heurtez,
Font voir dans le succes de leur course rapide,
Leur corps inébranlable, et leur cœur intrepide.
Clovis rompt, de son coup adroit et vigoureux,
La visiere du goth, dont le bois moins heureux
Dans le bras de Clovis porte une rude atteinte.
Sur la terre en éclats paroist la lance peinte.