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Mon triomphe en rendra la naissance celebre ;
Et sera pour sa mere une pompe funebre.
Puis un nouvel advis le comble de plaisir,
Sçachant que Genobalde arrive à son desir ;
Ayant pris pour sa route et Bourbon et la Marche,
Quand du prince des goths il eût appris la marche.
Alors de toutes parts Alaric enfermé,
D’une terreur nouvelle a le cœur allarmé.
Il pense que l’enfer, que le ciel, que la terre,
Arment tant de guerriers pour luy faire la guerre.
De forces, de secours, nul espoir ne reluit.
Il pense voir encor le spectre qui le suit.
Ces nouveaux ennemis, comme nouveaux fantomes,
Luy paroissent plustost des demons que des hommes.
Son desespoir l’excite à ses derniers efforts.
De mesme qu’un lion, grand de cœur et de corps,
Que nourrit en ses monts la chaude Numidie,
Alors qu’environné d’une troupe hardie,
Et jettant en courroux la flame par les yeux,
Il ne void que des chiens, des mores, des épieux :
Secoüe en son peril son poil épouvantable :
Deux fois bat de sa queuë et ses flancs et le sable :
Irrite furieux son courage boüillant :
Et prévenant l’assaut, veut estre l’assaillant.
Ainsi le vaillant roy que l’horreur environne,
Ne s’abandonne pas, bien que l’heur l’abandonne.