Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/549

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans son douteux effort, fait une longue playe,
Dont les grands flots de sang s’épandent sur le saye.
Clovis, dit le guerrier, voyla ce que je veux.
Ta main a fait le coup qu’attendoient tous mes vœux.
Tu verras que ton bras, à toy-mesme perfide,
T’a fait de ton enfant le cruel homicide.
De ce discours obscur le monarque surpris,
D’un assaut impreveû sent troubler ses esprits.
Il void ce chevalier qui paslit et chancelle :
Soustient ce corps penchant, qui tombe de la selle.
Et Leubaste aussi-tost sautant de son coursier,
Sur l’herbe entre ses bras reçoit ce beau guerrier.
Yoland au spectacle arrive et s’en estonne.
Leve le crespe noir, reconnoist Albione.
Malheureuse, dit-elle, impitoyable sœur,
Voyla le coup enfin souhaitté de ton cœur.
Le temps n’a peû dompter cette fureur extreme,
O ! Princesse barbare à ton fruit, à toy-mesme.
Alors du corps mourant, et sur l’herbe couché,
Le corcelet par elle est soudain détaché.
On découvre un enfant, qui vigoureux essaye
A sortir de son flanc, par cette large playe :
Qui du sang qui se perd tasche à suivre le cours :
Et semble par ses cris demander du secours.
Le prince sent alors émouvoir ses entrailles,
Voyant qu’un fils luy naist au milieu des batailles :