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Par fois paroist la lune, et fait voir sa beauté :
Puis se cache, et par tout laisse l’obscurité.
L’ange ainsi disparoist : et dans la tente sombre
Le prince void soudain regner encore l’ombre :
Se leve, se prosterne ; en son heur sans pareil
Ne sent plus dans ses yeux le desir du sommeil :
Et son ame ravie, humble et reconnoissante,
Attend, en loüant Dieu, la clarté renaissante.
Par la voix du monarque, et le duc et Maxent
Au matin sont instruits de son bon-heur recent.
La nouvelle s’épand : chacun court et s’amasse.
Du favorable ciel tous esperent la grace.
Aux bords de la Vienne une plaine s’estend,
Ceinte de forts buissons, où le prince content
Ayant mis en son dieu son esperance ferme,
Des promesses d’enhaut vient attendre le terme.
Il veut que tout guerrier quitte les pavillons.
Il place dans le champ ses épais bataillons :
Puis d’un bel ordre égal, de deux parts sur les ailes
Va disposer les rangs de ses troupes fideles.
Il veut que vers le ciel tous addressent leurs vœux.
Luy mesme de son casque allege ses cheveux.
A peine il a finy son ardente priere,
Qu’une biche paroist, sortant d’une bruyere,
Qui legere s’élance, et court à petits bonds,
Passe les regimens, perce les escadrons.