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Et dé-ja de Poitiers il découvre les tours,
Quand il void que le ciel s’arme pour son secours.
Du temple renommé du docte et Saint Hilaire,
De l’arienne erreur invincible adversaire,
Part un foudre avec bruit, qui fend l’air tenebreux,
Et vers le camp des goths fait serpenter ses feux :
Comme si le grand saint que cette ville honore,
Se levant du tombeau, les combattoit encore.
Le roy void le presage, et s’addresse aux françois.
Dieu nous parle, dit-il, par sa tonnante voix :
Et veut que par le fer la secte soit esteinte,
Qu’Hilaire surmonta par sa doctrine sainte.
Il nous monstre la voye. Allons, chrestiens, allons.
Passons plaines, forests, montagnes, et vallons.
Pour vanger Jesus-Christ, faisons voir nostre zele ;
Et que nostre cœur vole où sa voix nous appelle.
Allons, répondent-ils. Pour te suivre, ô ! Grand roy,
Nous nous sentons portez des ailes de la foy.
Alors toute l’armée, apres ce grand presage,
Pour redoubler ses pas, redouble son courage.
Le soleil éclaira l’un et l’autre univers ;
Et d’ombres une fois les champs furent couverts ;
Pendant que vers Lussac marchent les troupes fieres.
Le goth connoist de loin leurs volantes bannieres.
Dé-ja sur la Vienne arrivent les françois,
Qui tous dans leur ardeur, d’une commune voix,