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Et de l’excez brutal que le repas ameine,
De leurs tapis herbu se levent avec peine :
Encor tout assoupis, sont percez par le franc ;
Et versent par la playe et le vin et le sang.
Aurele fait main basse ; et par son ordre sage,
Les conducteurs des chars sont sauvez du carnage.
Par tout, de la forest il fait garder l’abbord,
Afin que nul des goths n’échape de la mort,
Qui portast dans Poitiers la sanglante nouvelle.
Dans sa troupe il choisit sa brigade fidelle,
Pour s’emparer du pont, où paroist sur le haut
Un chasteau qui depuis eut le nom d’un heraud.
Il fait rouler de rang la pesante charrette.
Deux cens des plus hardis asseurent la retraitte.
Tout s’avance en bel ordre. Avant le jour levé,
Le tresor est au pont seurement arrivé.
Les gardes du chasteau, d’une paisible veuë,
Contemplent du convoy la démarche impreveuë :
Et n’osant la troubler, pensent que le charroy
Passe dans ce destroit par l’ordre de leur roy.
Dé-ja sur l’orison l’astre de la lumiere
Avoit fait la moitié de sa longue carriere,
Quand ils joignent la Veude, en ce lieu si charmant
Que devoit signaler la naissance d’Armand.
Là parmy les ruisseaux s’estend une prairie,
Ceinte d’arbres épais, sous qui l’herbe fleurie,