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J’ay merité la mort : et je n’espere pas,
En flattant vos esprits, me sauver du trépas.
Mais puis que du seul dieu la verité m’éclaire,
Je veux estre en mourant, et sans haine, et sincere.
Mon dieu, répond Clovis, me sauvant de tes mains,
Ne m’a pas inspiré des pensers inhumains.
Et son soin paternel qui protege ma vie,
A te pardonner tout tendrement me convie.
Je sçay que d’Alaric le ciel te fit la sœur :
Que je vay réveiller la haine dans ton cœur,
Puisque mon bras luy porte une guerre cruelle ;
Et qu’entre nous la mort doit finir la querelle ;
Par une double ardeur, vangeant sur mon rival
Le fils qui par son estre à son pere est égal,
Que les goths ariens, pleins d’une aveugle rage,
Refusent d’honorer d’un souverain hommage.
Mais en te pardonnant, je te donne le choix.
Ou va trouver ton frere, ennemy des françois :
Et libre, en un combat ouvert et legitime,
Sois là nostre ennemie, et sans honte, et sans crime.
Ou si tu veux combler la gloire de ce jour,
De ton brave Lisois recompense l’amour.
Tu verras que son rang, sa valeur, sa noblesse,
Peuvent bien meriter une illustre princesse.
Voicy mon choix, dit-elle, ô ! Prince genereux.
Tu m’offres deux grands biens : et je prens l’un des deux.