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Le saint à peine croit ce qu’il void, ce qu’il touche.
La merveille a fermé son éloquente bouche.
La colombe s’envole, et se dérobe aux yeux.
Remy, dans un transport inspiré par les cieux,
O ! Prince heureux, dit-il, ce saint oyseau de mesme,
De Christ vind au Jourdain honorer le baptesme.
O ! Le plus cher à Dieu des rois de l’univers,
En toy sont accomplis ces prophetiques vers
Du pseaume renommé, qu’un titre memorable
A marqué pour les lis dans le livre adorable :
Et qui semble chanter tes graces, tes vertus,
Et tes fiers ennemis sous ta force abbatus.
Ton cœur, dit ce prophete, a chery la justice ;
A toûjours detesté la fraude et la malice.
Aussi le tout-puissant, de toy fait l’heureux choix,
Te sacre de son huile, et te fait roy des rois.
Dieu te prend pour l’aisné des fils de son eglise ;
Et tu dois des tyrans garantir sa franchise.
Alors il oint le roy, de ce baume divin,
Dont les goutes sans prix, et qui seront sans fin,
Sont de sacrez témoins, et d’éternelles marques,
Que Dieu, pour ses chers fils, a choisi nos monarques.
Clovis adore encor le rare don des cieux,
Sur qui, d’un cœur devot, tous attachent leurs yeux.
La reine s’en approche, et le baise, et l’admire :
De zele transporteé, à regret s’en retire.