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Le prince avec sa troupe au palais se retire :
Et trouve qu’à son heur toute chose conspire.
Ricarede le franc se presente à ses yeux :
Luy fait de Genobalde un recit glorieux :
Que des deux bords du Rhône il s’est rendu le maistre.
Que contre sa fureur nul n’ose plus parestre.
Que le perfide roy, croyant trouver un port,
A trouvé qu’en fuyant il couroit à la mort :
Le ciel, de la princesse ayant vangé l’injure,
Brisant contre un rocher cette teste parjure.
Et que dans Avignon, les princes assiegez,
A la mercy des francs dé-ja presque rangez,
Sans espoir de secours en leur triste deffaitte,
Demandoient au grand roy la vie et la retraitte.
Clotilde alors soûpire : on void paslir son teint.
De mouvemens divers son grand cœur est attaint.
Elle void que le ciel du tyran l’a vangée :
Se trouve satisfaite, et se sent affligée.
Elle s’incline aux pieds de son vaillant epoux,
Qui soudain la releve ; et d’un visage doux,
Luy dit en l’embrassant ; que veut donc ma princesse ?
Seigneur, donne une grace à ma juste tendresse,
Dit-elle ; et laisse là tes efforts superflus.
Si Dieu nous a vangez, que desirons nous plus ?
Le meurtrier est puny par une mort funeste.
Si mon sang est vangé : sauve ce qui m’en reste.