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Tout s’approche, se mesle, et répand dans les airs
Les discordans accords de tant de cris divers :
Et l’on entend se joindre à tant de voix confuses,
Les sons des chalumeaux, et ceux des cornemuses.
Et l’armée, et le peuple, ainsi d’un pas divers
S’avancent l’un vers l’autre, et joignent leurs concerts.
Le monarque marchoit dans sa pompe royale.
Remy, dans sa splendeur sainte et pontificale.
Chacun, d’un grave pas à l’égal s’avançoit.
L’un et l’autre, à l’abord rend l’honneur qu’il reçoit.
Le saint bénit le prince, et l’embrasse, et le baise.
Mes vœux sont exaucez, dit-il transporté d’aise.
Ses soûpirs à l’instant interrompent sa voix.
Et Clovis prend ce temps pour embrasser la croix.
Voicy, reprit le saint, l’heure si desirée
De voir l’auguste croix par mon prince adorée.
Dieu te rendit vainqueur, dés qu’il te vit soûmis.
Par luy toûjours ton bras vaincra tes ennemis.
Il permit ton mal-heur, mais pour sa propre gloire,
En voulant qu’à luy seul tu deûsses la victoire.
Tu vois que pour le prix d’un vœu juste et pieux,
Il t’a voulu donner et la terre et les cieux :
Et de quelles faveurs ta disgrace est suivie,
Qui te donne un triomphe, et l’eternelle vie !
Dieu t’a comblé de biens ; et tu verras demain
Ceux qu’il te versera de sa prodigue main.