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Pour guerir son cher fils, qu’un nouveau mal possede,
Qui de l’art des humains dédaigne tout remede,
Qui s’attache à la gorge, et de qui les rigueurs
D’horreur et de pitié font frissonner les cœurs.
Que par un doux espoir, la pieuse bergere
Avoit donné relasche à sa douleur amere ;
D’un prophetique esprit, l’asseurant que dans Rheims
Son fils seroit guery par de puissantes mains.
Qu’à son dieu cependant son ame fut fidelle.
Qu’elle alloit dans le ciel faire des vœux pour elle :
Et que deux plus grands biens contenteroient son cœur,
De voir son roy chrestien, et son epoux vainqueur.
Clovis plaint le tourment dont Batilde est attainte ;
Et regrette la mort de la celebre sainte.
Ils poursuivent leur route, achevant ces discours :
Et découvrent de Rheims les temples et les tours.
Enfin paroist de loin, dans une vaste lande,
Du pontife sacré la magnifique bande.
L’on void de chapes d’or deux longs ordres brillans,
Separans en deux parts les peuples fourmillans.
Les chants frapent les airs ; mille voix les secondent.
Les trompettes des francs à l’envy leur répondent.
Comme quand les pasteurs de differens hameaux,
D’un accord l’un vers l’autre ameinent leurs troupeaux,
On void venir de loin, par des alleûres lentes,
Les taureaux mugissans, et les brebis bélantes.