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A ces mots il se leve : et chacun se retire.
Serieux il s’applique aux soins de son empire.
Comme le sage Ulysse, en son vaisseau leger,
Redoutant des beaux chants l’appast et le danger,
Oüyt les doux accens des charmantes syreines,
Puis s’enfuit de leurs bords, sur les humides plaines.
Clovis ainsi se dompte : et sensible aux plaisirs,
Est plus sensible encore à de plus hauts desirs.
A peine il void du jour renaistre la lumiere,
Qu’il s’addresse au seul dieu par une humble priere.
Ses vœux volent à Reims, où ses deffauts passez
Par les heureuses eaux doivent estre effacez.
Et sans cesse il bénit la puissance adorable,
Qui daigna le tirer d’un abysme effroyable.
Il va baiser les corps des martyrs glorieux,
Puis fait partir de Toul son camp victorieux.
Du patrice Valbert la troupe l’accompagne.
Il void les moissons d’or de la vaste Champagne.
Durant quatre soleils, le charme des discours
Du chemin ennuyeux semble abreger le cours.
Valbert conte au grand roy ses remarques plus rares,
Aux terres des romains, des grecs, et des barbares :
L’orgueil de Basilisque, et sa honteuse fin ;
Les crimes de Zenon ; et par l’ordre divin,
Son exil, son retour des deserts de l’Epire :
Et par quelle avanture Anastase eut l’empire.