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Troubler sa liberté, c’est luy faire une injure.
Et qui force les cœurs, veut forcer la nature.
Le vaillant prince émeû de ces sages discours,
Laisse aller sa vertu dans son rapide cours.
Il veut que sa clemence en tous lieux retentisse :
Et que dans sa largesse éclate sa justice.
Sur Arismond et Berthe il jette un œil plus doux.
L’un et l’autre à l’instant, parlant au nom de tous,
S’inclinent, implorant ses bontez paternelles.
Jurez-moy, leur dit-il, qu’ils me seront fidelles.
Ils levent leur main droite. Et moy j’unis ces mains,
Reprit-il, et vous rends l’empire des germains.
La rougeur à tous deux se répand sur leur joüe.
Mais je ne pretens pas que l’on me desavoüe,
Adjouste le grand roy. Ce bon heur les confond :
Et par ces mots s’accroist la rougeur de leur front.
Alors tous les germains, d’une voix éclatante,
Font voir qu’un si grand bien surpasse leur attente.
Clovis tenant leurs mains, se plaist en mesme temps
De les voir et müets, et surpris, et contens.
Je ne veux pas, dit-il, par ce don vous surprendre.
Consultez dans ce jour si vous le devez prendre.
Tous deux luy rendent grace, et se donnent la foy.
Arismond transporté, baise les mains du roy.
Je dois plus, dit le prince, à ton noble courage.
De tes mains seulement je reserve l’hommage.