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Demander que soumis à l’estat des françois,
Ils puissent vivre heureux en conservant leurs loix.
Berthe est jointe à leur troupe, et sa bande captive.
Les francs à leur requeste ont l’oreille attentive.
Le prince est sur son trône, où maint ambassadeur
Adjouste avec sa cour un lustre à sa grandeur.
Symmaque, bien instruit des leçons de son maistre,
Prend le temps qu’à ses vœux la fortune fait naistre ;
Et dit, en presentant les vaincus au vainqueur ;
Ton bras a triomphé, fay triompher ton cœur.
Une grande victoire, élevant ta puissance,
Veut avoir pour compagne une grande clemence.
Le nord ne compte plus combien il a de mains.
En tes seules bontez est l’espoir des germains.
Alors que l’on recherche un vainqueur comme un pere,
Luy-mesme il se desarme, et soudain se modere.
Si tost qu’on est soumis, on demeure puissant.
Tant plus il a de force, et moins on la ressent.
Relevant les vaincus, il releve sa gloire.
L’humilité fait plus, que n’eût fait la victoire.
Voudrois-tu par rigueur les ranger sous tes loix ?
Troubler toute l’Europe ? émouvoir tous les rois ?
Sous un leger tribut, sous un fidele hommage,
Laisse-les dans leurs loix, exempts de l’esclavage.
La loy de la nature, est une antique loy,
Qui doit estre commune à tout peuple, à tout roy.