Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/472

Cette page n’a pas encore été corrigée

Quand elle seroit libre, elle est ferme en son choix.
Les sages font tousjours ce qu’ils font une fois.
Alors d’un œil remis, et d’un grave silence,
De son aimable epouse il attend la sentence.
Clovis tourne vers elle un regard adoucy :
Et tous en mesme temps la regardent aussy.
Nul que vous, dit le roy, ne peut juger la cause.
Sur vous seule, de tous l’attente se repose.
Vous seule estes des deux la crainte et le desir.
Je ne puis vous donner : c’est à vous à choisir.
Toutefois Arismond m’a, dit-elle, advertie
Que je suis en ce lieu moins juge que partie :
Puis qu’afin de me vaincre, et de me meriter,
Il me rend criminelle, au lieu de me flater.
C’est un nouveau chemin, et que peu sçavent prendre.
Avant que de juger, il faut donc me deffendre.
Oüy, je luy fus promise ; et de fiers ennemis,
Par un soudain accord, nous devinsmes amis.
J’épousois un enfant ; et mon ame attendrie
Sacrifioit mes jours à l’heur de ma patrie.
Mais l’accord fut rompu : donc aussi-tost, d’amis,
Nous fusmes pour jamais de mortels ennemis.
Il me reste à juger, pour vuider la querelle,
Qui m’est plus ennemy d’Arismond ou d’Aurele.
Par le fer de l’un d’eux, mon frere fut dompté :
Et sur le fer de l’autre il s’est precipité.