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Agilane et le duc font voir une rougeur,
Que répand sur leur front le trouble de leur cœur.
Puis un murmure sourd soudain touche l’oreille :
Ainsi que dans les bois un doux bruit se réveille,
Alors que tout à coup se levent les zephirs,
Et font mouvoir la feuille au gré de leurs soupirs.
Aurele, par son cœur, et par son innocence,
Monstrant un front serein, rompt ainsi le silence.
Qu’un langage est trompeur, quand il sçait bien flater !
Quand l’art est bien conduit, qu’il est à redouter !
L’art donne à l’innocence un faux masque de crime :
Et trompant la justice, il en fait sa victime.
L’art se mesle tousjours avec la fausseté :
Et la franchise est jointe avec la verité.
Souvent le mauvais droit a le plus d’eloquence.
Souvent la verité triomphe avec silence.
Noble et prompte elle hait la longueur du discours :
Et des termes charmans dédaigne le secours.
Sans recourir à l’art qui s’apprend aux écoles,
Je vays en peu de mots vaincre tant de paroles.
Voicy le differend. Arismond, ô ! Grand roy,
Pretend meriter mieux Agilane que moy.
Mais n’est-ce pas en vain qu’il nous trouble et s’irrite.
Le differend est nul, si nul ne la merite.
Icy d’un grand orgueil il veut de grands témoins.
Qui croit la meriter, la merite le moins.