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Aurele mesme est juste, et de Dieu craint la loy.
Il ne veut pas un bien qui n’appartient qu’à moy.
Et je ne vous crains point, belle morte et vivante :
Puisque dans l’equité vous estes trop sçavante.
Quelle ame pourroit estre injuste en ce bas lieu,
Qui pour estre jugée a paru devant Dieu ?
Mais que me sert icy de perdre un vain langage ?
Il faut peu de discours, lors que le juge est sage.
La simple verité plaist à tous les esprits.
Moins elle a d’ornemens, plus on connoist son prix.
Voicy donc le recit succinct et veritable
De mon premier duël, heureux et lamentable.
Le sueve et le vandale, animez dés long-temps,
Heureux, puis malheureux, sans cesse combatans,
Disputoient la Galice et la Lusitanie.
Ils veulent par la paix voir la guerre finie :
Souhaittent desormais vivre sous mesmes loix ;
Et s’unir pour tousjours, alliant les deux rois.
Pour donner à l’accord une asseurance égale,
Je devois épouser la princesse Vandale.
Vous jugez, pour l’aimer, qu’il suffit de la voir.
Je la vis ; et l’amour me mit sous son pouvoir.
Bien que mon jeune cœur n’aspirast qu’à la guerre,
J’aimay mieux Agilane, et la paix de sa terre.
Mais les sueves mutins rompirent les accords.
Les foibles, disent-ils, cederont aux plus forts.