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Dans les portes de Toul la sainte pompe arrive :
Et le peuple la suit d’une veüe attentive.
Les corps des saints martyrs, au temple sont conduits :
Et la foule à l’entour y répand mille bruits.
Le roy marche au palais, où le prelat sans cesse
L’instruit plus en repos, affranchy de la presse.
Et Clotilde souvent luy preste son secours,
Meslant sa voix charmante à ses graves discours.
Enfin la nuit humide estend ses sombres voiles ;
Et pare leur noirceur de l’or de ses estoiles.
Dans son impatience Arismond languissant,
Veut que le roy le juge ; et Clovis y consent :
Pres de luy fait asseoir la princesse Vandale ;
Clotilde à l’autre main ; puis d’une suite égale,
Chacun des deux costez est assis en son rang,
Selon la dignité du merite ou du sang.
Une troupe est debout, à l’entour épanduë.
Alors chacun tenant son ame suspenduë,
Le sueve arreste l’œil sur le roy des françois ;
Puis d’un ton agreable éleve ainsi sa voix.
Que la justice est belle, et donne d’asseurance !
Qu’elle est aux malheureux une douce esperance !
Elle est dans Agilane : elle est dans ce grand roy.
Je sçay qu’elle est en vous, et je la sens en moy.
Ainsi dans le bon droit mon esprit se repose :
Car tout est juste icy, mes juges et ma cause.