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Je voudrois par mes soins le pouvoir alleger.
Oüy, reprit Arismond, tu le peux soulager.
Ecartons-nous, dit-il d’une voix animée.
Mon trouble ne veut pas troubler toute l’armée.
Allons seuls dans ce bois. Lors sans estre suivis,
Ils laissent d’un accord la suite de Clovis.
Mais à peine Arismond void que le bois les cache,
Que son œil furieux sur Aurele s’attache.
Ah ! Dit-il, tu mourras, pour m’avoir fait blesmir,
Faux epoux d’Agilane, et meurtrier de Ramir.
Elle m’estoit promise ; et je donnay la vie
A son genereux frere à qui tu l’as ravie.
Son bras en mesme temps luy fait sentir ses coups.
Aurele est tout surpris de cet ardent courroux.
Il void d’un cœur rassis le sueve dans la rage.
Mais le danger pressant réveille son courage.
Le prince attaint son bras : il l’attaint dans le flanc :
Et leurs armes desja sont taintes de leur sang.
Chacun des deux coursiers et s’écarte et s’emporte.
Mais des deux chevaliers l’ardeur s’en rend plus forte.
Aussi-tost l’un vers l’autre ils retournent fougueux.
Agilane au retour se trouve entre les deux :
Et paroist à leurs yeux celeste et rayonnante.
Tous deux, à cette veuë heureuse et surprenante,
Fremissent de plaisir, de crainte, et de respect :
Demeurent en suspens, tremblans à son aspect.