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Les coursiers les plus chers à ces nobles amans,
Sont conduits deux à deux, sensibles, écumans ;
Et semblent de douleur, parmy les larges routes,
De leurs humides yeux jetter de grosses goutes.
Les guidons des vaincus, et les tristes drapeaux,
A terre sont traisnez, dechirez par lambeaux.
Puis du camp des germains on conduit les richesses :
Et dans cinq chars dorez les captives princesses.
Les grands chefs prisonniers, s’avancent deux à deux,
Et dans ce triste sort sont encore orgueilleux.
Vingt jeunes chevaliers, d’origine royale,
Ornent le beau convoy par leur parure égale.
Puis vient sur Aquilon le monarque indompté :
Et sur un barbe blanc, Clotilde à son costé.
L’un d’un visage fier, d’un port et noble et brave :
L’autre levant au ciel son regard doux et grave.
Apres un large espace, alloient de mesme front
Le magnanime Aurele, et l’aimable Arismond.
Puis Lisois, et les chefs de valeur plus celebre,
Fermoient et le triomphe et la pompe funebre.
Les peuples estonnez se rangent des deux parts ;
Font au noble convoy deux mobiles ramparts ;
Et de mains, et de voix, et de larmes pieuses,
Implorent des martyrs les ames glorieuses.
Desja paroist de loin, en portrait racourcy,
Entre deux fleuves longs, le superbe Nancy.