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Il rend, par une pompe et pitoyable et belle,
Les honneurs qui sont deûs à la troupe fidelle.
Il dit que les martyrs doivent seuls triompher :
Que la gloire des morts ne doit pas s’estoufer :
Qu’ils ont seuls soustenu des forces indomptables :
Que les cieux, par eux seuls, luy furent favorables.
D’abbord marchent par rangs les chevaliers gaulois,
En baissant leurs guidons, et le fer des longs bois.
La trompette, d’horreur rend les ames surprises,
Par ses lugubres tons, et ses lentes reprises.
Et celle des françois, reprend ces tristes sons.
Le gendarme la suit, en noirs caparassons.
Puis on void des soldats les files ondoyantes,
Les drapeaux renversez, et les piques traisnantes.
Les fifres sont plaintifs ; et les tristes tambours,
Couverts d’un crepe noir, ont des bruits lents et sourds.
Deux cens nobles françois suivent ces longues troupes,
Portant sur cent brancards, cent precieuses coupes,
Pleines du sang fidelle encor plus precieux,
Par Clotilde gardé, d’un soin religieux.
Puis dans cinquante chars, ornez de palmes vertes,
Des martyrs deux à deux, à faces découvertes,
Les saints corps sont traisnez par quatre chevaux blancs,
Conduits des deux costez par quatre nobles francs.
Leurs beautez sont encore et fraisches et vermeilles.
Et des cinquante chars les housses sont pareilles.