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Rien ne peut resister à son premier effort.
Il n’a donné qu’un jour à conquerir le nord.
La Saone est sous ses loix : le vaillant helvetique
A perdu par son bras toute sa gloire antique.
Rome verra bien-tost floter ses estendards.
Les Alpes contre luy sont de foibles ramparts.
Faisons, par nos conseils, que safureur s’arreste :
Que content de sa gloire, il quitte sa conqueste :
Qu’il embrasse l’amour des plus douces vertus :
Ou que par les plaisirs ses feux soient combattus.
Thierry, sur ce penser, cherche les plus doux charmes,
Qui pourroient rallentir le bonheur de ses armes.
Cependant le vainqueur, fecond en grands projets,
De tous ses ennemis veut faire des sujets :
Et desja mesurant son heur à son courage,
Croit mettre sous ses loix la Garonne et le Tage.
Son cœur contre Alaric est sans cesse irrité,
Ne pouvant estre heureux, qu’apres l’avoir dompté.
Il veut de son rival et la vie et la terre.
La guerre émeut l’amour : l’amour émeut la guerre.
Mais son celebre vœu regne en son souvenir.
Dieu possede en son cœur le rang qu’il doit tenir.
Le baptesme pompeux dans Rheims desja s’appreste.
Remy, le grand prelat, doit luire à cette feste.
Tout s’appreste au depart ; et par l’ordre du roy,
L’armée est en sa marche un superbe convoy.