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Et vous cachant la loy qu’adoroient vos ayeux,
Força vostre ame tendre à servir les faux dieux ;
Puis dans l’amour du roy vous ayant engagées,
Vous laisse dans l’ardeur de vous en voir vangées.
Toy, dit-il, Yoland, fille du sage Euric,
Roy des fiers visigots, sœur du brave Alaric,
Pres de l’Ebre il te prit, quand ton valeureux pere
Avoit dans ses combas la fortune prospere.
Et toy, belle Albione, il te prit aux anglois,
Quand ton pere engagé dans ses rares explois,
A l’Ecosse adjoustoit l’Irlande et la Norvege,
Et ne redoutoit pas cette main sacrilege.
Helas ! Que je te plains, noble fille d’Artus,
Qui t’ayant mise au jour, t’eut donné ses vertus,
Si ce traistre payen ne t’eut portée au crime :
Tu sens croistre en ton ventre un fruit illegitime.
Tu perdis par son rapt ton pere et ta maison :
Et perdis par ton feu l’esprit et la raison.
Maintenant sans secours, infame, et vagabonde,
Quel lieu pour te cacher te reste-t-il au monde ?
Mais quittez toutes deux vos indignes ardeurs.
Portez vostre grand cœur aux celestes grandeurs.
Quittez les deïtez vainement adorées.
Que sans fin de vos yeux vos fautes soient pleurées.
Vos chefs furent trempez dans le sacré lavoir.
Detestez du trompeur et l’art et le pouvoir.